Lorsque l’architecture Pascal a pointé le bout de sa puce, le GPU semblait être le seul levier pour une fluidité maximale dans nos jeux. Turing a dans un premier temps enfoncé le clou. Ce n’était déjà pas totalement vrai. L’arrivée des derniers jeux nous rappelle encore plus vigoureusement qu’une bonne configuration, ce n’est pas seulement une grosse carte graphique.
Chers amis lecteurs, avant de voir un point crucial concernant les nouvelles configurations, nous allons recentrer le débat et écarter les malentendus. Certains d’entre vous sont des joueurs avertis de League Of Legends, Fortnite, Hearthstone, Overwatch et autres jeux dont l’essentiel ne se situe pas dans les graphismes.
Pour ceux-là, une machine gamer entrée ou moyenne gamme suffit, même s’il faut garder en tête une notion importante, mais chut… pas de spoil… on y revient plus tard. Notre papier s’adresse avant tout aux fans de moteurs graphiques gourmands, à ceux qui veulent faire tourner Red Dead II en 4K (bon courage) et qui ne conçoivent pas de jouer à Cyberpunk 2077 au-dessous des 144 Hz. Dans ce cas, une mise en garde s’impose.
Comme nous le précisions en introduction, lorsque l’architecture Pascal est arrivée, il n’y avait rien de choquant à installer une jolie GTX 10XX dans son PC sans trop se soucier de la puissance du processeur. Avoir un i5 ou un i7 avec une ou deux générations de retard importait peu, le GPU assurait le travail sans trop se délester sur le CPU. Le résultat à l’écran était flamboyant, vous étiez contents, nous aussi, tout allait bien dans le meilleur dans le meilleur des mondes.
Tout naturellement, lorsque l’architecture Turing est arrivée, beaucoup d’entre vous ont investi sans se pencher sur le processeur, trop longtemps délaissé. Nous avons pu constater sur notre site un renouvèlement soutenu de RTX. Mais simplement changer la carte comme on installe une console dans un meuble TV n’est plus une bonne idée, il faut davantage mesurer son geste.
Bien sûr, les cartes graphiques comptent encore énormément dans le rendu des jeux, mais il ne faut plus négliger le processeur voire même la RAM, tous deux de plus en plus sollicités.
Bottleneck et CPU limited
Ces anglicismes sont des chimères pour certains car il est dur d’apprécier quel élément de votre configuration met un coup de frein à la puissance brute.
Plusieurs tests et autres benchmarks l’ont montré, les développeurs ont aujourd’hui la fâcheuse habitude de faire tourner nos GPU à bloc et au passage refiler du travail au processeur. De nombreux jeux peuvent appuyer nos propos, mais prenons le plus éloquent : GRID 2019. Les courses à tombeau ouvert seront d’autant plus fluides que votre processeur a de cœurs physiques. Passer à 8 est vivement conseillé, notamment pour gérer l’IA des adversaires en plus de tout ce qui s’anime à l’écran. Avant de vous enflammer dans les commentaires, signalons que le jeu tourne sur 4 cœurs, et qu’il suffit de baisser la résolution ou les filtres pour le rendre très fluide : nous sommes là dans l’hypothèse du « tout à fond ».
Pour jouer et streamer en même temps, il est indispensable de passer aux processeurs à plus de 4 cœurs physiques. Un 8 cœurs vous met à l’abri d’être à la traine (et petit clin d’œil aux amis Canards)
Ainsi, investir toutes ses économies dans une RTX 2080 tout en restant sur un i5 avec 4 cœurs de génération précédente ne vous assurera pas d’exploiter au mieux toute la richesse d’un moteur graphique. Plus que jamais, la question d’une configuration homogène revient sur le devant de la scène. Et cela concerne les machines de guerre, comme les moyennes gammes, comme nous l’évoquions en début de cet article. Se prendre un Core i9 pour aider votre GTX 1050 à faire tourner League of Legends est avoir les yeux un peu plus gros que le ventre côté processeur !
Il existe quelques sites vous permettant d’évaluer dans quelle mesure (et quel sens car on est toujours plus ou moins limited) votre configuration peut être « Limited ». Attention toutefois, ceux-ci restent approximatifs même s’ils donnent une indication. De la même manière, vous trouverez de très nombreuses vidéos vous montrant le nombre de FPS dans un jeu donné avec un GPU donné. Des chiffres à tempérer au regard du reste de la configuration donc.
Configuration équilibrée, c’est la clé
Votre niveau d’exigence et votre profil de joueur déterminent la puissance de votre machine et de chacun de vos composants. Prenons un exemple concret en dehors du GPU : si vous ne jouez qu’à un ou deux titres à la fois, un SSD de 1 To est superflu, mieux vaut s’arrêter au 500 Go puis opter pour un disque mécanique pour stocker les fichiers multimédias.
Dans un même souci de cohérence, il est tout aussi inutile de s’offrir une RTX 2080 tout en gardant un Core i5 ou un Ryzen 5 de génération précédente. Vous vous assurez assurer d’être CPU limited sur les jeux qui piochent dans les ressources de la carte vidéo ET du processeur. Le rapport investissement/gain de fluidité n’en vaut absolument pas la peine. Le résultat à l’écran ne sera pas catastrophique, loin de là, vous serez ravi de votre carte flambant neuve, mais vous aurez lancé une Ferrari sur un circuit de karting. Mieux vaut s’orienter vers une 2060 et avec les économies réalisées s’équiper de Core ou Ryzen de dernière génération quitte à aller piocher dans les séries 7.
De la même façon, RDR2 a tendance à surexploiter le processeur, au point de faire planter des machines à cause de ses défauts techniques au lancement du jeu.
Et ne négligez pas non plus la mémoire vive. De nos jours, 16 Go est le minimum requis lorsqu’on a de grosses ambitions sur les jeux les plus gourmands. Évidemment, si vous optez pour une 2080 et que vous en profitez pour vous équiper d’un Threadripper et 32 Go de RAM, vous serez aux anges (et nous aussi !). L’important est de garder en tête l’équilibre de votre configuration. Vous pensez que l’on enfonce une porte ouverte en expliquant cela ? Ce n’est pourtant pas ce que nous constatons sur notre configurateur ou sur les tendances d’achats de matériel. Alors ce qui va de soi et va sans dire va tout de même mieux en le disant !